Je fais un « retour vers le futur » sur le blog pour partager les derniers jours compliqués en Colombie. J’ai mis un cactus sur la photo de couverture parce que, quand même, ça « pique » un peu cette crise et cette fin de tour du monde, même si on tâchera de n’en garder que le meilleur.
J’ai écrit ce post au fil des derniers jours et même dernières heures car la situation évolue très vite ici, mais aussi partout ailleurs, ce qui fait que tout devient très compliqué.
Depuis plusieurs jours déjà nous suivons de près l’évolution de la crise via les news, les réseaux sociaux et le dispositif Ariane auquel nous sommes inscrits depuis le début du voyage ; c’est le site web mis en place par le Ministère des Affaire étrangères qui permet aux ressortissants français de recenser leurs voyages ou missions ponctuelles à l’étranger. Le système permet aussi aux voyageurs de recevoir des conseils de sécurité et d’être informés des risques éventuels dans leur pays de destination. Très utile et chaudement recommandé !! Exemples : nous avons reçu des alertes à la pollution quand nous étions à Hanoï, puis pour les incendies en Australie, les manifestations au Chili etc. A partir de fin Février les alertes concernant le coronavirus se sont multipliées à mesure que l’Argentine, le Paraguay et la Colombie commençaient successivement à mettre en place des mesures de prévention, contrôle puis restrictions face à l’épidémie.
Donc voici un résumé des derniers jours en Colombie :
De retour d’une balade dans Bogotá nous recevons un premier message d’alerte du dispositif Ariane : En raison des restrictions officielles croissantes de circulation entre la Colombie et l’étranger, l’Ambassade de France recommande aux Français non-résidents de passage en Colombie et qui avaient l’intention de rester encore quelques jours ou semaines dans ce pays d’abréger leur séjour et de regagner dès que possible la France ou leur pays de résidence habituelle, de préférence dans un délai de 48 heures.
Là, on commence à se dire que ça sent le roussi… Nous avons déjà un vol retour prévu pour le 23 mars, avec entre-temps un passage de trois jours à Medellín, du 15 au 18 (puis initialement un autre vol à Carthagène jusqu’au 23, mais nous abandonnons vite cette idée au vu de la situation). Nous essayons de contacter la compagnie aérienne (Avianca) pour voir s’il est possible d’avancer la date de notre vol, mais impossible de les joindre par téléphone, le call center est saturé ! Comme nous avons ce vol pour Medellín le lendemain, nous décidons de tenter notre chance directement à l’aéroport au comptoir Avianca.
Il y a du monde dans les files d’attente des compagnies aériennes, beaucoup d’autres voyageurs essaient de changer leur vol ou juste d’en trouver un pour rentrer chez eux suite aux mesures de restrictions qui commencent à être appliquées à travers le monde. En patientant dans la file d’attente je me fais même interviewée par un chaîne locale – en espagnol, aïe aïe aïe !! – pour expliquer pourquoi on est là ; les enfants sont épatés que Maman passe à la télé (-; Bref… pas plus de chance ici, on nous dit qu’aucun vol n’est disponible avant le 23 mars. On se résigne, pas d’autre choix, nous prenons notre vol pour Medellín, mais déjà le cœur n’y est plus car on sent que ça va se compliquer.
On arrive à Medellín en fin d’après-midi, on se balade dans le quartier de l’hôtel, très agréable avec des restaurants en terrasse, des cafés et des lampions partout. La ville a l’air sympa mais on ne verra rien de plus : on entend que de nombreux endroits publics commencent à fermer ici et là.
Dans la matinée, nouveau message de notre copine Ariane : Mesures restrictives à l’étranger : dans la mesure où de plus en plus de pays prennent avec un préavis souvent très court des mesures d’interruption des liaisons aériennes vers la France, il est conseillé aux personnes actuellement en déplacement à l’étranger et qui le peuvent de prendre toutes les mesures nécessaires pour un retour en France par voie aérienne dès que possible.
Nous décidons de nous rendre dans une agence Avianca pas trop loin de l’hôtel pour tenter à nouveau d’avancer notre vol. Encore plus de monde ici que la veille à l’aéroport. On attend près de 2h pour finalement s’entendre dire qu’il y a bien des vols mais que le changement nous coûterait 7500€ en plus du prix déjà payé !! Certaines compagnies aériennes n’ont apparemment aucun scrupule à pratiquer des tarifs exorbitants dans une période si critique et désespérée, y-compris Air France qui propose un vol aller Bogota-Paris à 16000 euros pour nous 5 !! Scandaleux !!
Bref… on laisse tomber en se disant qu’on a quand même notre vol du 23 qui semble encore être maintenu. C’est ce que nous dit aussi le représentant de l’Ambassade de France que nous réussissons à joindre par téléphone : il nous conseille aussi de nous rendre au plus vite à Bogotá et de nous « auto-isoler » avant notre vol retour.
Toujours dans l’attente du vol du 18 pour Bogotá et dans l’incertitude pour la suite… On se connecte aux différents réseaux sociaux de l’Ambassade pour suivre l’actualité de près. On se tient aussi bien sûr au courant de la situation en France : d’autres mesures plus strictes sont annoncées, c’est la première journée de confinement total et notre Président affirme que les ressortissants français à l’étranger pourront rentrer sur le territoire sans problème. Ouf, c’est déjà ça mais encore faut-il que le vol retour ne soit pas annulé… Entre-temps on reçoit des messages de soutien des parents, copains, copines (merci, ça fait plaisir <3), les enfants aussi appellent leurs copains, c’est chou ! Sur les conseils de l’Ambassade nous restons donc à l’hôtel toute la journée mais pas facile dans une chambre de 20m2 !! Heureusement l’hôtel a un roof top, on y passe un moment dans l’après-midi pour faire les devoirs et jouer.
Un peu plus tard, le compte Twitter de l’Ambassade annonce : Incertitudes sur le maintien des liaisons intérieures, aériennes et routières : Il est recommandé aux Français qui ne sont pas soumis à confinement et devant repartir de Bogotá de regagner la capitale sans tarder. Mais sans plus de précisions… un bon coup de stress ! Si notre vol du lendemain est annulé et que même les lignes de bus sont interrompues, on ne sait pas comment on va pouvoir rejoindre Bogotá ! On prépare donc les valises et on reste à l’affût des dernières infos et surtout du statut de notre vol. Le soir on doit tout de même sortir car nous n’avons rien à manger, mais tous les restaurants sont fermés ou seulement opérationnels pour les livraisons, Uber Eat etc… et donc pas ouverts au public. C’est comme si le quartier s’était endormi en une journée ! On finit par trouver une supérette ouverte, on mange des nouilles chinoises (ça tombe bien les enfants adorent) et hop au dodo !
On arrive de bonne heure à l’aéroport pour faire notre check-in et faire comprendre en espagnol (ben oui, sinon c’est pas drôle !) que comme nous ne prendrons pas le vol pour Carthagène (qui fait escale à Bogotá), nous devons absolument récupérer nos bagages à Bogotá !! Heureusement ça joue pour nous, notre vol est confirmé et nos bagages nous attendent sur le tapis à notre arrivée à Bogotá. Ouf, une étape de franchie !!
On rejoint l’appartement qu’on a réservé en attendant le vol et on se prépare au confinement en faisant le plein de courses au supermarché du coin. L’appartement est grand et lumineux, autant être à l’aise pour tenir pendant les cinq prochains jours… D’autant que le stress monte, les enfants sentent bien que les perspectives pour rentrer à la maison ne sont pas les meilleures et que ça risque de durer encore quelques jours, voire semaines. Dans la soirée les personnes qui gèrent l’appartement nous informent que Bogotá rentre en confinement total à partir du 20 Mars. On comprend à ce moment-là que la situation en Colombie ne peut qu’empirer…
Et ça se confirme le lendemain… Après une matinée tranquille malgré les circonstances (petit-dej, devoirs, jeux), on apprend d’abord que notre vol Madrid > Genève est annulé puis un peu plus tard c’est le Bogotá > Madrid qui saute. Là on est mal, plus de moyens de rentrer !! On passe l’après-midi à chercher des solutions, joindre les compagnies aériennes par téléphone (impossible !), on cherche d’autres vols mais les prix sont complètement délirants… On contacte aussi l’Ambassade qui est très présente et réactive sur les réseaux sociaux, par mail, téléphone, etc. Ils nous conseillent de continuer à chercher des vols et de surveiller les dernières infos car la situation évolue d’heure en heure, mais aussi de nous préparer à devoir rester encore quelques semaines, avec toutes les conséquences que ça implique.
Voilà où on en est… On garde l’espoir que de nouveaux vols soient affrétés dans les prochains jours ou qu’un rapatriement soit organisé dans pas trop longtemps. C’est pas facile mais on va s’en sortir, forcément !
Suite d’un retour épique ici: